jeudi 8 janvier 2009

SEULE / SOLA



"L’Essor" est un journal bimestriel indépendant, sans publicité. Il paraît en français en Suisse romande. Il essaie de faire une place à la paix. Je l’ai reçu ici au Japon et le thème du numéro était la discrimination. J’ai eu l’idée de mettre sur papier divers faits et réflexions sur ce thème. Si vous vous intéressez à ce journal, veuillez aller à www.journal-lessor.ch

"L'Essor" estas dumonata sendependa jhurnalo sen varbado. Ghi aperas en la franca lingvo en romanda Svislando. Ghi klopodas fari lokon al la paco. Mi ricevis chi tie numeron kun temo diskriminacio. Mi pensis meti surpaperen diversajn faktojn kaj pripensojn pri tiu temo. Se vi interesighas pri tiu jhurnalo, bonvolu vidi www.journal-lessor.ch



SEULE

Etre différent, pas normal, isolé, seul de son espèce. C’est un sentiment nouveau pour moi. Je séjourne depuis le 15 septembre 2008 en Extrême Orient.
Il y a des femmes japonaises qui ont des cheveux gris comme moi.
Il y en a qui sont rondes comme moi.
Il y en a qui sont petites comme moi (1.58).
Alors…

Pourquoi est-ce que les enfants ont peur de moi ?
Pourquoi est-ce qu’ils se cachent derrière leur mère ?
Pourquoi est-ce que les femmes quittent le bain quand j’y entre ?
Pourquoi les gens restent-ils debout dans le bus quand il y a une ou deux places libres à côté de moi ?
Pourquoi est-ce que mon voisin dans le bus quitte sa place et va s’asseoir ailleurs ?

A cause de MES YEUX.
Mes yeux sont clairs, un peu verts un peu beige-jaune, un mélange de couleurs qui n’a rien de rare chez nous en Suisse. Ici, tout le monde a les yeux noirs. Mes yeux me font paraître un extra-terrestre, un « alien ». Je fais peur. Les yeux, c’est très important. Quand on regarde une personne, quand on parle avec quelqu’un, on regarde ses yeux, en Suisse. Dans un article du Monde de l'édition du 13/09/06, "Lire les émotions dans les yeux ou sur les lèvres", on apprend que les Japonais lisent les émotions à travers les yeux. Par opposition, les Américains déchiffrent les émotions faciales à partir de la bouche… L’amour ou la haine se lisent dans les yeux. « Les yeux, miroir de l’âme » dit le poète… Je suis un être étrange pour les Japonais.

Il y a quelques jours, je marchais dans la rue à Kyoto et j’ai vu une silhouette dans la vitrine à côté de moi ; j’ai été surprise, j’ai presque eu peur : la personne avait des yeux bizarres… c’était moi, c’était mon reflet. Je me fais peur ! Mon cerveau s’est habitué à ne voir que des gens aux yeux noirs. Donc je réagis comme les Japonais ici : je suis surprise par une personne autre !
Si on met une personne sur la tête, elle voit tout à rebours. Ensuite, après un certain temps, le cerveau rétablit la vue dans le bon sens. Il m’arrive la même chose. Je suis parmi des gens aux yeux noirs depuis quatre mois et je me suis habituée. Voir une personne aux yeux clairs me surprend…
Peut-être aurai-je un choc culturel en revenant en Suisse…

Amitiés de Kyoto


SOLA

Esti malsama, nenormala, izolita, sola en sia speco. Tio estas nova sento por mi. Mi restadas ekde la 15a de septembro 2008 en Fora Oriento.
Estas japanaj virinoj, kiuj havas kiel mi grizajn harojn. Estas japanaj virinoj, kiuj estas iom rondaj kiel mi.
Estas japanaj virinoj, kiuj estas malgrandaj kiel mi (1.58).
Do, … ?

Kial la infanoj timas min ?
Kial ili kashighas malantaù sian patrinon ?
Kial virinoj forlasas la basenon, kiam mi eniras en ghin ?
Kial homoj restas starantaj en la buso, kiam estas libera sidloko apud mi ?
Kial mia najbaro en la buso forlasas sian seghon kaj iras sidighi aliloken ?

Pro miaj okuloj.
Miaj okuloj estas helaj, iom verdecaj, helbrunecaj, flavecaj, de koloro, kiu en Svislando tute ne estas malofta. Chi tie chiu homo havas nigrajn okulojn. Pro miaj okuloj mi aspektas kiel eksterterano, « alien ». Mi timigas homojn. Okuloj estas tre gravaj. Kiam oni rigardas homon, kiam oni parolas al homo, oni rigardas liajn / shiajn okulojn. En Svislando. En artikolo de la jhurnalo « Le Monde de l’Edition » de la 13/09/06 kun titolo « Legi la emociojn en la okuloj aù sur la lipoj » oni ekscias, ke Japanoj kutimas legi la emociojn tra la okuloj. Male Usonanoj eltrovas la vizaghajn emociojn el la busho… Amo aù malamo legighas en la okuloj. « La okuloj, spegulo de la animo » diras poeto… Mi estas stranga estajho por Japanoj.


Antaù kelkaj tagoj mi marshis surstrate en Kyoto kaj mi vidis silueton en montrofenestro apud mi ; mi surprizighis, mi preskaù ektimis: tiu persono havis strangajn okulojn. Temis pri mi, estis mia respeguligho. Mi timas pri mi mem ! Mia cerbo alkutimighis al vido de nigrokululoj. Do mi reagas kiel Japano : mi surprizighas pro persono alispeca!

Se oni starigas personon sur la kapon, lia aù shi vidas chion en alia direkto. Poste, post iu tempodaùro, la cerbo remetas la vidon en la ghustan direkton. Okazas kun mi same. Mi vivas inter nigrokululoj ekde kvar monatoj kaj mi alkutimighis. Vidi personon kun helaj okuloj surprizigas min…
Eble mi havos kulturan shokon, kiam mi revenos al Svislando….

Kun elkoraj salutoj el Kyoto


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir

C'est étrange de lire cela d'un pays comme le japon.
Je pensais qu'ils avaient l'habitude de voir des étrangers, surtout à Kyoto.

Franck

Mirejo a dit…

En fait, la population japonaise est tres homogene. Il y a quelques touristes, tres peu en proportion. Et les Japonais n entrent pas forcement en contact avec ces touristes. Mon texte ne presente que la somme des contacts problematiques. Je pourrais ecrire un autre texte ou je decrirais toutes les gentillesses et les aides que j ai recues...

Mirejo a dit…

Autre remarque: j'atteins des lieux hors de tout circuit touristique. Je sors complètement des sentiers battus. Je me promène dans des montagnes où il n'y a plus un mot d'anglais ni une lettre latine.... Le Japon à 100%.